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L’OMBRIE


On s’accorde à déclarer merveilleux les paysages d’Ombrie. J’en vois les beautés — comment ne pas les voir ! — Toutefois, cet accueil que tant d’autres y rencontrent, cette grâce affectueuse, mêlée à la grandeur, cette joie surtout, je ne puis les sentir. Pour moi, ces nobles paysages sont d’une mélancolie poignante. Et, il me semble que leurs colorations et leurs lignes parfaites, loin qu’elles vous donnent l’envie de rester là en une contemplation heureuse, vous poussent ailleurs. Non vers d’autres paysages : hors de la réalité.

Ces vastes horizons, ces montagnes, les larges lumières opposées à de si belles ombres, provoquent la sorte de rêverie qui tourne le regard en dedans. L’Ombrie n’est pas faite pour qu’on l’examine avec les yeux du corps.

On sent cela vivement, lorsque, debout sur la terrasse de Gubbio, on contemple la vallée. Le décor défend son secret contre notre curiosité profane. D’autres l’ont pénétré ce secret : les saints, qui au long de ces pentes sinueuses, sur ces sommets où s’attarde le soleil couchant, partout ! ren-