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un voyage

Cette ville est pleine de chefs-d’œuvre. On y goûte la naïveté sublime de Giotto, l’élégance héroïque et savante de Mantegna, l’art brusque, passionné, presque trop vivant et si héroïque de Donatello. Et puis, il y a le jardin adorable où Goethe alla songer. Et puis : l’église du grand thaumaturge !

Encore que né à Lisbonne, saint Antoine est le plus italien des saints : un saint à miracles comme il n’en fut pas beaucoup. Aussi, lorsqu’ils l’invoquent les padouans l’appellent-ils : saint Antoine, mais en parlant de lui, ils disent : « le saint », comme s’il était le seul de son espèce.

De même, l’église où ses reliques ne cessent de consoler les pauvres humains se nomme : Il Santo. Elle est admirable et pittoresque, grave et amusante. Aux murs sont de très beaux monuments d’un goût noble, d’autres fort déclamatoires, d’autres burlesques. Il ne faut pas négliger de voir certaines têtes de mort qu’un nœud de ruban coiffe d’une manière surprenante et agréable.

La chapelle du Saint est d’un mauvais goût qui charme. Des lampes d’argent y pendent si nombreuses, tant de plaques d’argent, de chandeliers d’argent, y brillent partout, tant d’ornements l’encombrent, et d’ex voto ! Et les sculptures, — médiocres malgré leur réputation, mais si plaisantes !

Dans cette chapelle, la puissance du Saint éclate aux yeux. Ici, grâce à lui, un nouveau-né prend la parole et certifie que sa maman n’est pas adultère, comme le croyait son papa ; plus loin, un jeune homme tombé d’un toit et parfaitement mort, revit,