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ravenne

procès qui lui tient fort au cœur, il notera le divorce de son amie, et dira qu’il a tout fait pour l’empêcher. Il ne se soucie pas trop d’avoir pour toujours cette charmante créature sur les bras. Il se sait incapable de l’abandonner. Elle aussi sait bien qu’il en est incapable. Alors elle veut divorcer, et lui ne veut pas. Elle divorce. C’est la maison paternelle qui abritera leur tendresse. Byron a l’estime de sa belle famille irrégulière, et la sympathie de toute la ville. Il ne se plaint pas de son bonheur, seulement il en parle d’un ton léger. Sans cesse, dans ses lettres, il affirme que « Teresa » est la plus jolie femme d’Italie, mais rien d’autre. Elle, adore le bel Anglais, si spirituel, qui agite la vie et la pare. Et puis ils conspirent ensemble, ils veulent délivrer l’Italie. Ils ne délivrent rien ; mais, au bout de certain temps, le comte Gamba, père de la Guiccioli, reçoit l’ordre de quitter Ravenne. Le décret papal qui a séparé Teresa de son maussade époux impose à la jeune femme l’obligation de vivre avec son père ou, sinon, dans un couvent. Elle part donc, elle aussi ; et Byron écrit : « Comme je ne peux pas dire avec Hamlet : « Va-t-en au monastère ! Je me prépare à les suivre. » Mais il s’attarde des mois, à Ravenne, dans le travail, la rêverie, les longues promenades solitaires. Il n’est plus très amoureux, et il est triste singulièrement d’avoir vu avorter le mouvement patriotique où ses espoirs s’engageaient avec une si belle fièvre. Il commence de penser à la Grèce vaguement. Et Mme  Guiccioli le réclame. « Surtout, ne revenez pas sans my lord  »,