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ravenne

d’admiration couvraient les cris de rage, et l’amour, la haine. Il sentait son destin manqué !… À la fin, il comprit. En partant pour combattre avec la Grèce, Byron faisait pour la première fois un acte conforme à ses nécessités profondes.

Tout le reste, folies, passions, n’a servi qu’à tromper l’immense besoin aperçu trop tard. Et même son amour tant célébré pour la Guiccioli. Il obéissait à la jolie femme. Si elle ne voulait pas qu’il continuât Don Juan, car Don Juan heurtait ses pudeurs, lesquelles étaient grandes, il ne continuait pas Don Juan. Mais lorsqu’il parle d’elle, sous l’éloge, l’admiration, la tendresse, on perçoit l’accent moqueur d’un esprit resté libre. Mme Guiccioli a fait obéir Byron à ses volontés, — souvent raisonnables quand il ne s’agissait pas de littérature, — elle ne l’a pas asservi. Il ne lui appartenait pas. Il n’appartint jamais à personne puisque, enfin, la guerre ne voulut pas de lui ; puisque, pour en mourir, au lieu de la bataille, c’est la fièvre qu’il trouva.

Quand il rencontre la Guiccioli à Venise, elle vient de se marier. Elle est dans le plein désenchantement de sa lune de miel. Le comte Guiccioli semble un assez vilain vieux monsieur. Elle, délicieuse, mais non à l’italienne. Le teint clair, d’admirables cheveux d’un blond « suédois » : — peut-être quelqu’une de ses grands’mères avait-elle