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ravenne

souhaiter d’un cœur chaud l’affranchissement de l’Italie, à donner beaucoup d’argent aux révolutionnaires. Et puis il avait nombre de bêtes dans sa maison : deux singes, cinq chats, huit chiens, dix chevaux, et quelques volatiles, dont un corbeau et un faucon au sujet desquels on trouve cette note dans son journal : « En rentrant, battu le corbeau qui avait mangé la pâtée du faucon ». Et tout cela n’est guère satanique.

Sans doute, Byron a subi plus que personne la crise de désespoir éloquent, négateur, destructeur et plein de fracas, qui par toute l’Europe secouait alors les nerfs et les âmes. Mais, comme beaucoup d’autres, il localise ses violences. À sa table de travail il est Lara, Manfred, Don Juan ; et puis il redevient lord Byron, c’est-à-dire un Anglais plein de préjugés et, au fond, amoureux de l’ordre. Écoutez-le : — il raconte la visite d’un jeune admirateur « Je ne crois pas l’avoir enthousiasmé. Il s’attendait à trouver, non un homme de ce monde, mais un gentleman misanthrope, vêtu de braies en peau de loup, et répondant par monosyllabes furieux. Je n’arrive jamais à faire comprendre aux gens que la poésie représente un état de passion exaltée, et qu’une vie de passion constante n’est pas plus possible qu’un tremblement de terre ou une fièvre continuels. D’ailleurs qui parviendrait jamais à se raser, dans de telles conditions ! »