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De pareils fureurs étaient sans doute excessives et très ridicules encore.

Il alla vivre en Italie. Les Italiens ont l’esprit vif et fin, et de la bonhomie. Byron ne les terrifia nullement. Ils le trouvaient un peu fou d’avoir des chevaux à Venise, de nager dans les canaux ; et les gondoliers malins inventaient cent contes sur le « mylord », afin d’amuser les voyageurs. Mais personne ne croyait qu’il fût le diable. Et, les pauvres de Ravenne qui, apprenant son départ, envoyèrent une députation aux autorités, afin qu’elles le priassent de rester dans la ville, eussent été, je pense, bien surpris, d’apprendre l’homme affreux qu’était leur bienfaiteur.

Les touristes anglais et les pauvres de Ravenne ne causaient point ensemble, par malheur. De sorte que ceux-là, ayant pris mille peines pour rencontrer le « monstre » comme ils eussent gravi une montagne dangereuse, non parce que le paysage est noble, mais parce qu’il est terrifiant – revenaient chez eux la tête farcie de suppositions saugrenues, et grâce à leur ignorance bavarde la légende se développait.

Cependant, après avoir eu quelques maîtresses vulgaires, Byron était devenu le servente de la comtesse Guiccioli, et, sage, soumis, menait une vie fort régulière et assez plate. Il écrivait énormément ; montait à cheval chaque jour à la même heure ; portait le châle de sa dame ; fréquentait des personnes paisibles ; allait au bal masqué et s’y amusait gentiment. Ses excentricités consistaient à