Page:Bulteau - Un voyage.pdf/413

Cette page a été validée par deux contributeurs.
398
un voyage

Le soir venu, le train s’arrête : Verona ! crient des voix aux sonorités rondes. La gare est pleine d’un bruit gai. On se bouscule avec souplesse. Les gens paraissent n’avoir à faire rien de précis. Les porteurs prennent vos sacs par pure sympathie, et sans que rien les y oblige. L’employé qui reçoit les billets est là par gentillesse seulement. On retrouve cet air de loisir, de liberté, ce sens du bonheur qui rend les Italiens si charmants.

J’arrive à l’hôtel. De Munich, j’ai écrit pour retenir les chambres. Mais il n’y a pas de chambres !

En même temps que moi sont descendus de l’omnibus, une famille anglaise, et deux jeunes mariés à cheveux très noirs, à prunelles très luisantes qui parlent entre eux une langue inconnue. Toutes ces personnes ont aussi retenu des chambres. Le directeur de l’hôtel croit positivement qu’il n’a reçu aucune lettre. Il s’en étonne lui-même avec une grande abondance de paroles. Chacun proteste et s’évertue dans le style de sa race. Les Anglais, patients et obstinés, répètent qu’ils ont écrit, demandent à être conduits dans les appartements auxquels ils ont droit. Et c’est inutile de leur dire qu’il n’y a pas de place : quand on l’affirme pour la dixième fois, ils font remarquer qu’ils ont écrit et qu’ils veulent des chambres. Les jeunes mariés montent et descendent l’escalier avec une énergie singulière. On leur a proposé un trou à rats, ils veulent autre chose. Ils repartent, reviennent, ce n’est pas cela encore qu’il leur faut. Le monsieur gesticule, cause, rit ; la dame présente des observa-