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VÉRONE


De Munich à la frontière italienne la route est admirable. Les paysages de grand caractère se succèdent. Montagnes aux lignes graves, verdures aqueuses, fleurs sauvages, si belles, sources vives dont la fraîcheur se devine en certains replis profonds, tout cela séduit d’abord, et donne un désir de n’aller pas plus loin. Puis on change d’idée… Constamment, on aperçoit haut perchée ou, bien à l’abri du vent, quelque immense bâtisse : et c’est une maison de santé. On y soigne la tuberculose, l’anémie, la neurasthénie et d’autres misères encore. Un air si pur, saturé de parfums végétaux, restaure toutes les fatigues. Seulement, à voir se succéder tant de sanatoriums, ce n’est pas à la guérison que l’on pense mais à la maladie innombrable. Il semble que le paysage lui soit intégralement consacré, n’existe que pour elle, lui appartienne. Ce n’est pas vrai. N’importe : cette chimérique impression rend l’humeur morose.

À mesure que la journée avance, la lumière devient plus fine, les façades roses, bleues et mauves, apparaissent ; des loques pendent aux fenêtres : voici l’Italie.