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munich

sement des couleurs, trouver des formes nouvelles. Au résumé, les artistes munichois ont adapté au goût national le mobilier anglais, fin xviiie et commencement xixe siècles, mais après l’avoir, si je peux dire, repensé. Parfois en regardant tables, chaises, armoires, on croit voir les minces élégances d’Adams ou de Chippendale accommodées pour l’appartement des frères Fafner et Fasolt. Et ces choses ont du type. Quant aux couleurs la rudesse en est le plus souvent extrême. Il y a un art tout allemand de cogner les uns contre les autres des rouges et des bleus qui se haïssent, et de parachever l’affaire en introduisant un mauve propre, à vous donner des contractions d’estomac. Dans les tons morts, au contraire, les gris, les bruns, on rencontre des réussites charmantes ; et pour les décorations en blanc et noir, elles sont d’ordinaire parfaites. Les Allemands aiment beaucoup ces alternances du blanc et du noir. Je me demande si ce goût ne leur vient pas de ce que les couleurs des Hohenzollern les obsèdent. Heine dit — dans les Reisebilder, je crois — que par tout pays on trouve chez un grand nombre d’hommes une ressemblance physique avec le souverain qui les gouverne. Et il attribue le fait à ceci, que la figure du prince est représentée sur les monnaies. L’image de l’argent chose de première importance, est de la sorte étroitement unie à celle du monarque, la pensée latente de lui occupe continuellement les sujets, et ils font ce travail mystérieux, grâce auquel nous finissons par ressembler à ceux qui exercent sur nous une forte