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un voyage

chez soi la journée finie. Personne ne vient au jardin zoologique à pareille heure. La grille est fermée. Je demande au fonctionnaire qui de l’intérieur me regarde, sarcastique : « Peut-on entrer ? » Il répond : « Si vous voulez », et semble trouver bizarre que je veuille, en effet.

J’entre, il n’y a là âme qui vive, mais cela n’est pas pour me déplaire.

Ce jardin est une de ces œuvres parfaites que réussirent les Allemands lorsqu’ils collaborent avec la nature. On a choisi pour l’organiser un bois de pins. Imaginez, le magnifique tas de bûches que les architectes français eussent tiré de là. Pas un arbre ne fût resté ! Les arbres donnent de l’humidité, puis : ils empêchent de voir. Pas d’arbres enfin, un vide bien sec, bien béant c’est de meilleur goût. Ici on a respecté le bois de pins, se bornant à dégager l’espace nécessaire pour établir un jardin fleuriste, régulier, libre pourtant et adorable. On a laissé aux bêtes leur petite forêt ombreuse. Les treillages qui les enferment sont à peu près cachés par des plantes grimpantes, des buissons. Certains de ces treillages extrêmement hauts, et à peine visibles, font, je suppose, office de cages. Et dans les larges espaces qu’ils entourent, au milieu des arbres, les oiseaux doivent par instants oublier qu’ils sont captifs.

Des rochers s’entassent, donnant au paysage de l’âpreté, de la sauvagerie. Je suppose que là dedans habitent les grands animaux. Mais, grands ou petits, je n’en aperçois aucun. Pourtant, là-bas, quelque