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pareil à celui que donnent certaines peintures où l’exécution hardie et adroite se ressent partout. Ces tuiles communiquent aux verdures une valeur forte, on en éprouve les sensations disparates, irritantes et savoureuses de la douceur et de l’âcreté.

Barberousse goûtait beaucoup le château de Nuremberg et l’habita souvent. Plus tard, la famille de Hohenzollern partit de là pour sa grande histoire.

Dans la cour — et avec les toits de tuiles c’est ce que j’aime à revoir — dans la cour, il y a le tilleul de Cunégonde. Il est mort depuis bien longtemps. Sur le tronc formidable et sec un peu de vigne s’accroche, et, au pied on cultive des géraniums bien rouges et bien propres. Est-ce vraiment l’impératrice Cunégonde qui au début du xie siècle planta ce tilleul ? Pour moi, je suis décidée à le croire. Cunégonde me plaît, et tout ce qui garde son souvenir. J’ai vu son portrait à Bamberg, sculpté sur la tombe où elle dort auprès de son mari l’empereur Henri II. Les reliefs de cette tombe sont d’un beau caractère, et leurs sujets assez curieusement choisis. L’Empereur, on l’a représenté au moment où il vient d’être opéré de la pierre. La chose s’étant faite sans anesthésie, il a l’air fort éveillé et tout content. Pour l’Impératrice, le sculpteur, homme réfléchi et qui savait la force de l’exemple, la montre payant les ouvriers de la cathédrale, car il est bon de rappeler aux princes, qu’en payant les artistes, ils acquièrent un droit à vivre dans les mé-