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ratisbonne

retrouvant sa liberté à Leipzig, puis la tête mécontente de Bismark ; un Parthénon plein de Walkyries, c’est, on le sent bien, un objet déconcertant.

Ces Walkyries ont le nez grec comme de juste, mais le tissu bien germanique, pauvres demoiselles ! Schwanthaler les a faites, et il devait en être fort content. Je crois qu’on admire beaucoup en Allemagne le génie de Schwanthaler. Seulement il n’avait aucun génie — pas le moindre ! Nulle crainte qu’on le surprenne jamais à regarder avec les yeux de sa tête, à être original. Il faisait des statues grecques, cet homme, vous comprenez !

Au reste, il n’y a jamais eu de grands sculpteurs en Allemagne. On y trouve certains artistes délicats et charmants, comme Riemenschneider, par exemple, qui ont taillé dans le bois des petites figures d’une grâce intime, émue, tendre. Mais quant aux statues qui achèvent le sens d’un monument, ou, placées dans un espace vide, asservissent les formes environnantes, ramènent à elles les lignes, les disciplinent et les rythment ; décorent en un mot, il n’y en a pas trace.

L’illustre châsse de saint Sebald, fondue à Nuremberg par Peter Vischer, est un bibelot joliment et petitement exécuté. Chaque détail, personnages, animaux, ornements, y demeure indépendant des autres. Leur voisinage ne constitue pas un ensemble où l’arabesque se poursuive impérieuse. Et rien n’est maigre, sec, comme les statues que fit le même Vischer pour le tombeau de Maximilien, à Inspruck. Les personnages trapus, gênés, engoncés