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un voyage

du prince héritier, qui sera plus tard le roi Georges Ier d’Angleterre.

La comtesse de Platen est une créature à cœur sombre. Ardente, fausse, basse, acharnée, ce qu’elle veut, elle le veut fortement. C’est le type de la sensuelle méchante, et puis, elle commence de n’être plus jeune : dangereuse dame ! Elle s’amourache de Philippe à première vue, d’une façon quasi sauvage, le lui laisse voir, et n’a aucune peine à triompher de lui. Voler la maîtresse du vieux duc ce n’était point un acte fort prudent. Mais Philippe risquera bien d’autres imprudences.

Quant à Sophie-Dorothée, il l’a connue tout enfant et lorsqu’elle était la malicieuse princesse de Celle. Ils ont joué ensemble. Philippe paraît avoir eu pour elle une de ces pures tendresses comme, même les Kœnigsmark, en éprouvent avant de vivre. Et puis il est parti. Ce n’est pas sans émotion qu’il la retrouve mariée et malheureuse. Et elle ? Il est très beau, elle l’a bien su jadis. Elle avait le goût de se moquer ; lui aussi. Que de gens ils ont ridiculisés ensemble ! Elle garde des souvenirs gais, d’autres encore de leurs années puériles. Le camarade d’enfance revient plus charmant que jamais, traînant derrière soi une légende amoureuse, portant sur soi un air de conquête. Elle n’a pas d’amis dans cette cour de Hanovre. Son mari, lourd d’intelligence et de manières, assommant au résumé, la trompe sans discrétion. C’est toujours désagréable d’être trompée même par un mari assommant. Et elle est tendre et curieuse d’amour — certaines