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un voyage

de mirifiques chasses, et, au fond, je crois bien m’en souvenir, le château de Moritzbourg. L’empereur est venu se divertir des affaires, vraiment ennuyeuses, qu’il avait souvent dans ce lieu de splendeur et de poésie, où les petites gens de Dresde viennent, et eux aussi, s’amuser lorsqu’ils en ont le loisir — et sans songer à lui.

Le château est une masse énorme, mais n’a aucun aspect de forteresse. Les quatre grosses tours rondes sont des ornements, non des défenses. Il s’offre aux yeux libre de toutes parts, avec l’apparence ouverte d’une magnifique maison de plaisir. Je ne sais s’il a subi des modifications depuis l’époque où le versatile Électeur le construisit, mais à moins que rien de la bâtisse primitive ne demeure, ce dut toujours être un lieu destiné aux ripailles, aux grandes beuveries, aux fêtes bruyantes, à la vie somptueuse et amoureuse, où le tracas de régner s’oublie.

Hélas ! le drapeau flotte au faîte. Le roi de Saxe est à Moritzbourg ! On ne peut entrer. Je ne verrai pas la salle à manger toute blanche où deux étages de fenêtres doivent faire une lumière si belle et que décorent tant de « massacres » ; ni les tapisseries, ni les fresques, ni les plafonds aux exquises arabesques d’or ; ni dans le parc les bassins où des nymphes de marbre dansent et jouent. Je ne verrai aucune de ces choses dont les photographies m’ont rendue curieuse ! Il m’est permis seulement d’apercevoir un morceau de jardin avec ses buis taillés, ses fleurs. Et j’ai le droit encore