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MORITZBOURG


Le paysage autour de Dresde a une grâce harmonieuse. Les lignes longues, les inflexions calmes, les horizons étendus, lui composent un charme en même temps noble et familier. Sur ces routes paisibles, on est tenté de croire que, au résumé, l’existence est plus facile qu’on n’imaginait. Les promeneurs du dimanche s’ajustent à une telle impression. Partis pour une longue course, ils marchent allègrement, l’air tranquille, actif et gai. à leur mise on les prend d’abord tous pour de petits bourgeois. Puis en regardant mieux on s’aperçoit avec surprise que la plupart ont des mains durcies par les travaux rudes. Beaucoup de ces hommes correctement vêtus, nets, élégants même, sont des ouvriers, et les pimpantes femmes qui trottent à côté d’eux, des ouvrières sans doute. Sur la belle route argentée de soleil pâle, on n’a pas envie d’admettre qu’à Dresde, les ouvriers peinent et pâtissent comme ailleurs. Et tous ces gens satisfaits, bien mis, qui s’en vont absorber de la bière, contents d’apercevoir à quelque distance le château royal de Moritzbourg, rendent le dimanche d’été singulièrement doux et comme affectueux.