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dresde

L’église de la Cour, d’un fini élégant et net, paraît un grand bibelot. Les sanctuaires isolés de toutes parts ont souvent cette sorte de beauté toute physique, où on sent la fantaisie des hommes, plutôt que la présence de Dieu.

La cathédrale gothique laissait s’amasser contre elle, cachant ses bases, les humbles demeures pareilles à un peuple agenouillé. Tours et flèches montaient libres dans le ciel. Mais sur le sol les frileuses, les peureuses existences humaines accotaient leur familiarité à la maison d’espérance, et ainsi lui donnaient toute sa signification. C’est que, la cathédrale, œuvre anonyme de la foi, on l’élevait pour aller vers Dieu. Il ne s’agissait pas surtout — ou seulement ! — de planter un décor magnifique, bien visible, propre à satisfaire les artistes et à fournir de gloire quelque prince bâtisseur.

Ces églises détachées, offertes à l’admiration comme un objet d’art qu’on place en jour propice, ces églises dont on peut dans un recul favorable examiner toutes les faces, saisir le moindre détail, font penser au goût de l’architecte, à la générosité du prince qui payait l’architecte, à la vie fastueuse que l’on menait autour de lui, à mille choses ! — mais elles ne font pas penser au ciel.

Commencée en 1739 par l’italien Chiaveri, celle-ci fut achevée en 1754 par le saxon Schwarze, d’après les dessins de Chiaveri. Sa grâce est toute mon-