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un voyage

Il y en a une multitude : chefs-d’œuvre des maîtres de Nuremberg, d’Augsbourg, d’Italie. Certaines sont de ce bleu profond que prend l’ombre aux soirs de pleine lune ; sur d’autres la gravure semble une admirable passementerie. Il en est de toutes dorées, il en est d’argent — les Électrices donnaient volontiers une armure d’argent à leurs maris comme cadeau de Noël. Et dans les vitrines, ce sont des centaines de pistolets, ornés avec un luxe extrême, ceux entre autres qu’on fit à Paris pour Auguste II. Il y a des colliers d’argent pour les chiens de chasse, ciselés comme des bijoux de femme exigeante. Il y a des arquebuses d’ivoire et des poires à poudre, partout de l’or, de l’argent et un travail sans prix.

Cependant, tout cela constituerait un musée d’armes plus riche que beaucoup d’autres, mais pas différent. Ce qu’on ne trouve pas ailleurs, c’est la collection de selles de velours, brodées follement, ornées de perles, les harnachements d’or, les armes orientales pavées de pierreries, un trésor plein de couleurs, de scintillements. Ces magnifiques choses de guerre sont dans une salle tendue d’écarlate. Et cette étoffe, c’est la tente même sous laquelle vivait Auguste II, au camp de Mühlberg, lorsque, du 30 mai au 29 juin 1730, il reçut les princes de l’Empire. Dans ses Mémoires, le duc de Luynes dit à ce sujet : « Le roi Auguste donna une fête militaire au camp de paix de Mühlberg près de Dresde. Ce camp lui coûta trente-trois millions… Les deux derniers jours, le roi donna à manger à toute l’armée. Le roi de Prusse y était et fut fort