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berlin

agréable. Toutefois, et malgré une circulation intense, la ville semble — comment dire ? – béante. Oui, c’est cela : Berlin a l’air de bâiller.

Lorsque, il y a une vingtaine d’années, je suis venue ici pour la première fois, j’ai vu encore nombre de vieilles petites maisons très simples et très sympathiques. On les a démolies, c’est dommage. Je crois aussi que, dans ce temps-là, il y avait des fleurs à toutes les fenêtres, et que, maintenant il y en a moins. Je me trompe, m’affirme-t-on, il y en a plus que jamais ! Je veux l’admettre et que, par une sorte de perversité, je ne les aperçois qu’une fois sur dix. Mais il faut que l’on y consente, les petites maisons anciennes ont disparu, — on m’accordera ce point, je pense, et même avec orgueil. Il fallait qu’elles disparussent car, exprimant à ravir la modestie du passé, elles ne disaient rien de la grandeur actuelle.

L’effort, partout sensible, de représenter cette grandeur, donne à Berlin son caractère. — Le caractère ne détermine pas nécessairement la beauté, mais en plus d’une occasion il la supplée.

Les édifices publics, vastes, majestueux, ambitieux, accusent des liens de parenté ou de fantaisie avec la Renaissance italienne. Et la Renaissance italienne des XIXe et XXe siècles, n’est-ce pas un style engageant ? Pour les immenses bâtisses qui remplacent les gentilles maisons, les unes appartiennent à un genre dont on ne sait trop que dire, sinon qu’il est ennuyeux, et les autres, plus récentes, rompant net avec les vieilleries étrangères, affirment un art