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L’ADIEU DE WEIMAR


Voici la dernière des maisons sacrées. Elle est au bout d’une allée, dans un jardin plein d’herbe, de branches, d’ombre humide, et de cette tristesse ailée qui hante les cimetières d’Allemagne. Car c’est un cimetière, le beau jardin.

Les tombeaux y ont de la place, et au milieu des libres verdures qui les recouvrent, on cesse de se rappeler que nos lointains ancêtres quand ils adoptèrent la coutume d’empiler des pierres sur les morts, obéissaient sans doute beaucoup moins au désir respectueux de protéger leurs restes contre les bêtes, qu’à une laide peur de les revoir, échappés du tombeau.

Certaines sépultures sont anciennes et presque noyées de végétations. Les bruits retombent vite et s’effacent. On est plus calme, on est si bien sous les arbres des cimetières où le temps et la nature travaillent ensemble doucement à effacer les traces de la vaniteuse agitation humaine !

Je ne viens pas seule dans cet enclos de paix. Devant moi, élastique et légère, marche l’artiste merveilleuse qui a répandu sur les morts des paroles frémissantes d’une émotion sublime, éclatantes de