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qu’une seule parole : « Mes enfants sont proches, mes enfants ! » puis il devint tout à fait muet. Mais son cœur était soulagé, et de ses yeux coulaient des larmes qui tombaient sur ses mains. Et il ne prenait garde à aucune chose, et il se tenait assis là, immobile, sans se défendre davantage contre les animaux. Alors les colombes voletant çà et là, se posèrent sur son épaule en caressant ses cheveux blancs, et elles ne le fatiguèrent pas dans leur tendresse, et dans leur félicité. Le vigoureux lion léchait sans cesse les larmes qui tombaient sur les mains de Zarathoustra, en mugissant et en grondant timidement.

« Puis, tiré soudain de son vaste rêve, le sage se redresse et crie dans l’air, attentif : Est–ce que je recherche le bonheur ? Je recherche mon œuvre !… Voici mon aube matinale, ma journée commence, lève–toi donc, lève-toi, ô grand Midi.

« Ainsi parlait Zarathoustra, et il quitta sa caverne, ardent et fort comme le soleil du matin qui surgit des sombres montagnes. »

Et lui aussi, le grand Nietzsche, a quitté sa caverne, il ne veut pas que nous, ses enfants, nous le cherchions dans cette obscurité sinistre, mais sur la route vive où il rayonne sur nous : ardent et fort comme le soleil du matin.