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les maisons sacrées

se dresser contre elle, refusa de permettre la revision du procès, et ne parla plus de son espoir. Loin de se révolter, elle se tourna plus fervente vers Celui qui la frappait, et jeta les grandes flammes de son cœur dans une dévotion chaque jour croissante. Rome, où elle avait enduré une telle peine, lui devint chère, tellement que jamais plus elle n’en devait sortir. Les anciens parfums merveilleux qui s’attardent là, pénétrèrent au profond de cette âme exaltant son mysticisme. Elle s’était cru la mission d’arracher Liszt aux folies de sa vie d’artiste, à des passions incertaines et dangereuses, et de le guider par des chemins plus purs. Maintenant, elle entrevoyait une autre mission, celle de contribuer à la gloire de l’Église en lui sacrifiant son bonheur. Elle écrivait des livres de théologie, mais ce n’était pas assez encore…

Quatre ans après le déplorable soir où elle avait connu que Dieu refusait d’admettre son amour, le prince de Wittgenstein mourut. Trop tard ! Au lieu d’épouser Liszt, elle lui conseilla de se faire prêtre… De la sorte, l’âme du grand artiste serait sauvée, l’Église enrichie d’une recrue glorieuse. Et lui, il consentit. Il consentait toujours à ce qu’elle jugeait bon. D’ailleurs, au temps de sa jeunesse, après une grave maladie et dans une heure de désespérance, déjà il avait songé à entrer dans les ordres. Et puis enfin la tendresse de Mme de Wittgenstein ne « l’imbibait, ne le cernait plus de toutes parts ». Elle l’aimait toujours admirablement, mais Dieu bien davantage ! Peut-être sentait-il, le dé-