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un voyage

ni celles qui voyagent par élégance spirituelle. Non, le vrai voyageur, c’est lui, le bon sot !

Ne le traitez pas avec trop de mépris. D’abord, les femmes du pays sont peut-être rousses, qu’en sait-on ? Et, ne fait-il pas mieux de l’affirmer que de lire obstinément Baedecker sans regarder si les cheveux de celle qui met la table ont la couleur des braises et du soleil couchant ?

Il n’est pas malin, je l’accorde : il est attentif, fervent — et il vit.

Pourquoi serait-il tenu d’instruire les gens ? Veulent-ils savoir la vérité ? Qu’ils aillent eux-mêmes examiner comment les choses se passent ! Le chimérique voyageur aura fait son devoir si, — malgré les conclusions déraisonnables qu’il tire parfois de ce qui l’émeut — ses pauvres notes donnent, à un seul, l’envie de partir pour chercher au long des routes ces « vastes voluptés changeantes, inconnues, et dont l’esprit humain n’a jamais su le nom » : les plaisirs pensifs, joyeux, tristes, pénétrants, enivrants du voyage.

Ainsi soit-il !