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LES MAISONS SACRÉES


I


On sait, on sent qu’il faut porter son hommage à Goethe d’abord. Il est le grand parmi les grands auxquels Weimar se consacre comme un temple d’amour et de renommée, et puis encore il est le plus complètement représentatif.

Tout en lui, la profondeur, l’immense curiosité, l’audace spirituelle mêlée au respect des dignités et du pouvoir, tout, jusqu’au caractère officiel de son personnage, peint la race avec une perfection et une évidence incomparables. Pour avoir été ambassadeur, Chateaubriand ne grandit pas, au contraire. Mais M. de Gœthe, ministre de Saxe-Weimar, est plus considérable que ne l’eût été le poète Gœthe abrité en un coin bourgeois. Ses habitudes de courtisan, loin de le diminuer, le complètent. La familiarité des princes et sa déférence étaient, sans doute, nécessaires pour achever en lui le grand homme type de l’Allemagne.

Longtemps je reste immobile près de sa maison basse, sans ornements. Elle m’apparaît détachée de tout ce qui l’environne, éclairée autrement. Cette