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weimar

montrent fort digne et d’un aspect reposé. Elle a le menton en pointe vive, de celles qui savent leur volonté et la font, un long nez d’une belle distinction, une fine petite bouche propre à l’épigramme, puis un grand front un peu chimérique, et dans les yeux un demi-sourire spirituel, songeur, pas très innocent. Ils semblent, ces yeux, regarder au loin d’agréables secrets.

La charmante dame fit le voyage d’Italie, et sans doute fut-elle séduite par l’amoureuse terre de gloire, car son palais est plein de « vues » des monuments romains. Il y a d’assez bonnes gouaches de Tivoli, d’affreuses petites croûtes du Panthéon, du Capitole, de tout ! Il y en a incroyablement !

Les princes allemands ont, au xviiie siècle, rapporté mille horreurs d’Italie. Touchantes horreurs qui marquent une sincère dévotion. Dans le palais d’Aschaffenbourg, je me souviens d’avoir vu l’arc de Titus, le Colisée, bien d’autres immortelles ruines encore, fidèlement reproduites en liège découpé. Je ne sais quel prince de Bavière les rapporta — il y a longtemps ! — pour garder la mémoire des monuments qui l’avaient enchanté. La mode de ces choses est passée, les souverains ne rapportent plus de Colisées en bouchon. Ils choisissent autrement leurs souvenirs… À l’un de ses voyages à Rome, l’empereur d’Allemagne, visitant le Forum, admira très vivement un morceau de marbre qui portait une inscription de l’époque d’Auguste. On sait de reste que les inscriptions de cette période ont une beauté, un caractère si parfaits que les gens même