Page:Bulteau - Un voyage.pdf/109

Cette page a été validée par deux contributeurs.

WEIMAR


C’est un dimanche. De Cassel à Weimar la route a un air de fête. Les gares sont pleines d’excursionnistes. Les uns, importants, affairés, s’interpellent à voix tonnantes. D’autres, le regard un peu perdu, patients, sur le point de sourire mais ne souriant pas tout à fait, attendent, immobiles et comme enracinés. De gros vieux messieurs en vestons couleur sinapisme, le sac au dos, leurs mollets puissants contenus par des bandes grises, l’inévitable bouquet de poils de blaireau dressé à l’arrière du feutre, mangent avec un plaisir grave du pain au jambon. De jeunes hommes moites et roses, dont les cols généreusement rabattus livrent à l’admiration des passants, de fortes clavicules et d’excessives pommes d’Adam, jettent de furtifs coups d’œil chargés de songe et d’appétit vers les jeunes filles aux pâles cheveux luisants, doux à voir comme un écheveau de soie grège. Et toutes, elles sont vêtues de blanc, ces blondes.

Chez nous, la jeunesse n’a guère d’uniforme. La mode impose des robes pareilles de coupe et de couleur aux mères et aux filles. Souvent, à dix mètres, on ne sait guère laquelle a dix-huit ans, et