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cassel

avoir : des jouets de diamant, un palais, des esclaves en robes d’or. Pour obtenir ces merveilles, il suffisait qu’il permit au Kobold de lui enlever son cœur. Et il le lui permit.

Le nain rouge posa un doigt crochu sur la poitrine du garçon et disparut. Aussitôt, le palais se trouva là, les diamants, les esclaves, mais le garçon sentait à la place où avait été son cœur une fraîcheur singulière. Cependant il s’amusa fort avec ses jouets de pierreries, il mangea et but des choses très bonnes et fut content. Et puis, il s’ennuya, cessa d’avoir faim, et connut qu’il n’aimait pas les diamants. Dans son palais, la nuit et le froid ne pénétraient point ; on y entendait mille chansons, et des rires continuels, jamais un sanglot, ni même un soupir. Et soudain il découvrit que son bonheur n’avait pas de sens.

Un jour, ne sachant pourquoi — pour être ailleurs seulement, — il poussa les grilles d’or et s’en fut dans la forêt. Elle n’était plus comme il l’avait connue, transpercée de soleil, pleine d’oiseaux et de bêtes furtives, mais toute noire, et d’un silence oppressant. Il marcha jusqu’à la place où le Kobold avait volé son cœur. Le Kobold n’était plus là ; et le garçon, sans espoirs, sans chagrin, continua sa route vers un but qu’il ne pouvait nommer.

Et voici qu’il découvre une maisonnette à demi cachée par des rocs et des arbustes. Il entre et d’abord il ne voit rien, la pièce est sombre. Il reste immobile. Il n’a pas peur. Il ne peut avoir peur ; sa poitrine est vide ; cependant il éprouve une sen-