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On se trompe en tenant les héros pour indifférents au danger. Ils ne le sont aucunement, Dieu merci ! Une pareille indifférence serait superposable à l’insensibilité de ces malades, dans la peau desquels on plante des aiguilles sans qu’ils s’en aperçoivent. L’homme normal doit éprouver la peur. La révolte de la vie contre ce qui la menace est légitime et utile. Les plus courageux connaissent parfaitement la sensation de contracture, de défaillance et le trouble circulatoire causés par l’imminence du péril, seulement ils réagissent. C’est à la rapidité de cette réaction que se mesure le mieux l’énergie vitale. Plus un homme a de réelle puissance, de droit à durer, plus la déprimante sensation de la peur lui inspire la haine et le dégoût. Il se hâte d’y échapper en se précipitant vers le risque, en accomplissant des actes d’une