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fraternel… Mais si, je sais pourquoi ils se ressemblent !… Ils se ressemblent parce que tous ont senti la même peur terrible couler sur leur chair comme une eau trop froide. Tous ont entendu la voix cruelle et salutaire qui éveille le courage. Tous ont compris, et vaincu… Ils avaient cessé de s’attendrir sur ceux qu’ils allaient quitter et sur eux-mêmes ; ils ne songeaient qu’à briser l’étreinte de la peur, ils y réussissaient : alors la belle plénitude du courage reconquis régnait en eux, et, au moment de finir, leur vie reprenait une activité si violente que, sur l’échafaud, ils pouvaient pardonner et sourire…

Ils ont l’air d’appartenir à une même race, et c’est bien ainsi : ils sont de cette race que la peur grandit, de ceux qu’elle laisse plus purs et plus forts qu’elle ne les avait trouvés, de la race des fières