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de la géognosie, si les fonctions d’officier d’état-major à l’armée expéditionnaire n’y avaient appelé un de nos savans collègues. Nous rappellerons quelques unes des observations les plus remarquables de M. Rozet. Les dépôts tertiaires récens, que l’on devrait appeler méditerranéens d’après leur disposition autour du bassin de notre mer intérieure, s’étendent, en s’élevant à une grande hauteur, jusqu’au pied du petit Atlas ; ils paraissent même former le sol du désert, et continuer à s’élever en berceau depuis la Méditerranée jusqu’au pied du grand Atlas. Les formations qui séparent ces dépôts si récens de la formation du lias, et celle-ci des schistes et calcaires de transition, manquent sur le littoral africain, en sorte que toute la série géologique n’est représentée que par trois termes éloignés.

Oran a offert au capitaine Rozet les mêmes formations, mais en outre des dolomies qui se sont tellement modelées sur les anfractuosités des couches schisteuses en prenant les apparences des trapps, qu’elles paraissent avoir coulé à la manière des laves. Nous exposerons plus tard les idées théoriques de l’auteur à ce sujet.

La notice de M. Jean Reynaud sur la Géologie de la Corse m’a paru, malgré sa concision, un modèle de monographie géognostique. Votre bureau a sans doute pensé ainsi lorsqu’il l’a choisie pour ouvrir le premier volume de vos Mémoires. L’auteur expose en peu de mots et avec clarté la configuration générale du sol et ses relations avec la Sardaigne et les petites îles voisines ; il sait rectifier par ses observations les idées inexactes que la carte de la Corse, malgré son mérite, pourrait donner sur l’orographie de cette contrée. La direction nord-sud qui domine sur la côte orientale, et fait aujourd’hui le trait le plus saillant de la Corse comme de la Sardaigne, parait liée à l’apparition des trachytes, phénomènes antérieur aux dépôts tertiaires de la Corse. Cette direction coupe et interrompt un système de grandes rides parallèles dirigées de l’E.-N.-E. à l’O.-S.-O., qui règne dans toute la partie occidentale et n’affecte que le sol granitoïde. Les calcaires à nummulites, les deux grès de la formation crétacée du midi, et probablement aussi les calcaires jurassiques supérieurs, constituant le sol montueux de la région orientale, comme les côtes opposées de la Ligurie et de la Toscane. Quelques lambeaux tertiaires du groupe subapennin bordant la côte.

M. J. Reynaud voit les causes des différences minéralogiques dans l’action inégale des serpentines que l’on voit percer dans toutes les vallées. On peut dire que là, comme dans l’Argolide, les dépôts secondaires ont nagé sur les masses serpentineuses en