Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 4 - 1833-1834.djvu/35

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lambeau de la formation du gneiss que l’on puisse considérer avec quelque certitude comme appartenant à l’écorce primitive du globe, et comme n’étant pas le résultat d’épanchemens à sa surface ou de modifications de roches antérieures ?

Il en est, à plus forte raison, ainsi des porphyres, des trachytes, des eurites, des amygdaloïdes et des basaltes, qui ne sont partout que des roches évidemment injectées ou épanchées.

Tout ce que l’on pourrait faire serait de regarder chacune d’elles comme le représentant d’une des enveloppes successivement refroidies à l’intérieur, sans qu’on pût d’ailleurs admettre aucun rapport de structure, ni même de composition entre des roches cristallisées dans des circonstances de température et de pression aussi différentes.

Un géologue de la Polynésie, parcourant les mille pitons volcaniques disséminés sur une surface immense, relativement à notre Europe, arriverait dans ses idées théoriques à reconnaître l’écorce primitive du globe, dans quelque épanchement basaltique ou trachytique ; quelques coulées volcaniques, des ponces, etc., seraient les représentans à la surface des enveloppes intérieures du noyau fluide ; les fossiles de quelques bancs de coraux ou de terrains tertiaires récens seraient les habitans primitifs du globe, et il pourrait parcourir des milliers de lieues sans voir peut-être un fait contraire à sa théorie.

Placés à la surface des protubérances produites par les divers épanchemens granitoïdes, portant sans doute notre vue un peu plus loin, ne sommes-nous pas, d’ailleurs, exposés à tomber dans la même erreur que le géologue polynésien ?.


Phénomènes ignés et modifications des roches.

La distinction précise du caractères des roches modifiées par les agens ignés nous parait une des questions les plus importantes dont les géologues puissent s’occuper, et nous voudrions avoir à vous rendre compte de quelque ouvrage spécial sur ce sujet ; le moment n’en est peut-être pas venu, mais vos travaux montrent que les matériaux se rassemblent.

M. Lehmann a offert à la Société des échantillons de grès des Carpathes, altérés et prismatisés par la chaleur des hauts-fournaux. Ce fait semble prouver que l’adoption de la forme prismatique dans les masses ignées n’exige ni une aussi haute température, ni un refroidissement aussi lent qu’on l’avait cru.

Le Mémoire de M. Dufrénoy, sur la Relation des ophites, des gypses et des sources salées des Pyrénées, est en partie consacré