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étendu et un ébranlement général ; et j’ajouterai que la difficulté dont il s’agit s’étend à des montagnes d’une nature toute différente. Les petits lambeaux de terrain crétacé restés dans les Pyrénées sur les sommets des pics de Baletous, de Lestibet et d’Anie y sont autant de témoins de l’ancienne continuité, sur l’emplacement de l’axe actuel de la chaîne des assises de ce terrain, qui se trouve aujourd’hui réduit à deux bandes appliquées sur les bases de ses deux flancs[1]. Pour reculer de part et d’autre de cette manière, le terrain crétacé a dû subir une démolition infiniment plus considérable que celle qu’on est conduit à admettre dans le Cantal, démolition qui n’est pas moins étonnante, qui présente plus en grand le même problème, et qui est cependant incontestable. Je pourrais citer aussi plus près de nous les dénudations du pays de Bray et des Wealds du S.-E. de l’Angleterre. Des exemples de ce genre se présentent partout, et l’énigme y existe tout aussi bien qu’au Cantal.

Cette énigme est donc absolument indépendante de la nature de roches qui la font naître au Cantal et des rapports que leur composition minéralogique présente avec celles qui composent les véritables cônes d’éruption. Quel que soit le mot de cette énigme, quelle que soit la combinaison d’efforts qui a fait disparaître les déblais dont on n’observe plus que l’ancien emplacement resté vide, il est certain que l’habitude de n’étudier dans les montagnes que la nature minéralogique des roches qui les constituent, et de considérer isolément les montagnes de telle ou telle composition, pourrait seule faire regarder l’origine des vallées du Cantal et des escarpements qui les bordent comme présentant un problème spécial. Pour un observateur attentif aux grands traits des phénomènes géologiques, rien ne distingue les escarpements qui forment le caractère du paysage des groupes montagneux qui dominent le plateau de l’Auvergne de ceux qui forment le caractère des paysages alpins. Les escarpemens à fleur desquels tombent les cascades de Quereilh, de la Dore, de la Dogne, de Mandailles, des Maronies, des Vaulmiers, ne diffèrent que par la nature minéralogique dm roches qui les composent, de ceux à fleur desquels bondissent les eaux du Staubach, de la Pisse-Vache, de la cascade de Gavarnie. Partout où ces formes alpines se présentent, elles attestent avec une égale évidence l’intervention de ces forces

  1. Voyez le mémoire de M. Dufrénoy, sur le terrain de craie dans les Pyrénées. Annales des mines, 3e série, t. 1, p. 27.