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L’objection relative à la non-prolongation de certaines vallées de fracture repose essentiellement sur l’existence de ces crêtes étroites en forme de murailles, presque tranchantes au sommet, et formées d’assises trachytiques uniformes et faiblement inclinées, qui séparent la grande cavité centrale du haut des vallées de Dienne et d’Apschon ; murailles dont M. Burat a donné une description aussi exacte que pittoresque dans son ouvrage sur les volcans de la France centrale, p. 80, et dont il existe aussi des traces dans le haut de la vallée de Falgoux.

Dans l’hypothèse où le Cantal ne serait autre chose qu’un cône d’éruption simplement démantelé par les seuls agens de dénudation, l’existence de ces murailles serait inexplicable. Déjà le seul fait de la disposition régulièrement divergente des vallées est un obstacle à peu près insurmontable contre la supposition que leur première ébauche ait été faite uniquement par l’action de ces courans violens et passagers, qu’on nomme courans diluviens, et l’existence des murailles dont il s’agit porte le dernier coup à cette hypothèse ; comment en effet de pareils courans, s’ils avaient à eux seuls creusé les vallées, auraient-ils laissé subsister des barrages aussi frêles placés dans une direction transversale à leur cours ? On ne pourrait concevoir la réunion de l’une et de l’autre circonstances, la divergence des vallées jointe à l’existence des barrages, qu’en imaginant poétiquement des courans diluviens descendant du ciel en ligne perpendiculaire !

Les courans diluviens ne peuvent donc avoir façonné à eux seuls les vallées du Cantal, et ils ne peuvent avoir concouru à la production de leur forme actuelle qu’en agrandissant des vallées déjà ébauchées.

Les causes lentes et continues qui agissent pendant les périodes de tranquillité auraient-elles été assez puissantes pour produire à elles seules, soit les vallées actuelles, soit une ébauche de ces vallées déjà assez marquée pour tracer la route aux courans diluviens ? Pour résoudre cette question négativement, il suffit de remarquer, avec M. Burat à quoi se réduisent les sillons où coulent les ruisseaux qui circulent sur les plateaux trachytiques et basaltiques, avant de tomber en cascades dans les vallées.

Les témoins trachytiques, en forme de murailles longues et étroites, qui ferment quelques unes des vallées du Cantal, prouvent même que les phénomènes auxquels ce massif doit sa forme générale l’ont laissé dans un état très peu différent de son état actuel, et que, sauf le déblaiement des parties fendillées, éboulées et presque démolies, les agens de dégradation actuels n’y ont