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l’uniformité des basaltes du Cantal et l’hétérogénéité des laves basaltiques qui sur les flancs de l’Etna couvrent des pentes du même ordre.

Je suis bien loin de regarder comme à l’abri de tout objection la supposition qu’une différence plus ou moins grande, dans la quantité des fluides élastiques dégagés, aurait constitué la principale différence entre les éruptions basaltique et trappéennes et celles des volcans actuels. Je n’ai présenté cette hypothèse que comme un moyen de mieux faire sentir l’importance de considérer d’un seul coup d’œil l’ensemble des gisemens des basaltes et des trapps, si abondamment répandus sur toute la surface du globe. Je ne doute pas que le mode d’émission de ces roches ne soit pendant long-temps encore un sujet de discussion ; mais, au milieu de ces discussions, deux choses resteront évidentes : la première, qui se manifeste par la simple comparaison des niveaux, consiste en ce que les nappes basaltiques qui s’élèvent obliquement sur les flancs de ces massifs coniques, dont l’origine est en discussion, ne sont pas moins anomales par le fait de l’élévation absolue qu’elles atteignent, que par celui de l’obliquité avec laquelle elles y parviennent ; la seconde consiste en ce qu’il y a eu de grandes différences entre le mode d’émission de matières fondues qui ont pris également la compacité basaltique (témoins les trapps de la Nouvelle-Écosse, comparés aux coulées de Thueys et du Tartaret), et en ce que, par conséquent, on doit chercher la cause de cette compacité, non dans le mode d’émission de ces matières fondues, mais dans leur mode de solidification. Or, l’hypothèse du soulèvement des nappes basaltiques inclinées répond à la fois à ces deux observations fondamentales.

Si un rabattement pareil à celui que j’ai supposé précédemment, au Cantal, au Mont-Dore et au Mezenc, était opéré en même temps dans tous les autres cônes, revêtus aussi de nappes basaltiques, tels que ceux de Palma, de Ténériffe, de la grande Canarie, et si la position rabattue des basaltes qui les couvrent était considérée comme leur position initiale, l’anomalie de la hauteur absolue de ces basaltes disparaîtrait avec celle de leur obliquité et tout l’ensemble de la grande formation basaltique et trapepéenne se trouverait ramené à une position tellement simple, que Je commencement de théorie nécessaire pour rendre compte de cette uniformité de structure de chaque coulée, qui en forme pour ainsi dire le cachet, se présenterait avec une extrême simplicité : il se réduirait, en effet, à dire que, malgré l’évidente diversité du mode d’émission des différentes masses de ces roches, chaque