Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 4 - 1833-1834.djvu/299

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


La pente moyenne de la base de l’Etna, entre Nicolosi (au pied des monts Rossi) et Catane, n’est, en effet, d’après les cartes et les mesures de hauteur de M. le capitaine Smyth, que de 3° 51′ ; et comme, des monts Rossi à la mer, la déclivité n’est pas uniforme. il est évident que la coulée de 1669 y a rencontré beaucoup de pentes moins inclinées que les flancs du Cantal. Il a dû se présenter des cas semblables dans toutes les directions ; et par conséquent on devait s’attendre, à priori, à trouver, sur les flancs de l’Etna des parties de coulée où la lave aurait presque stationné, et aurait pris toute la compacité dont elle est susceptible. Mais cette compacité de quelques parties des coulées de l’Etna, à laquelle, ainsi que je viens de le rappeler, nous avions déjà eu égard, ne conduit nullement à assimiler l’ensemble d’aucune d’elles à une nappe basaltique ; elle sert, tout au contraire, à mieux faire ressortir la différence de ces deux sortes de productions volcaniques.

Pour rendre cette vérité plus sensible, commençons par préciser la différence des idées que les mots de Lave et de Basalte sont destinés à exprimer.

Ainsi que M. de Buch l’a judicieusement remarqué, dans le Mémoire qu’il a joint à sa carte du terrain compris entre le lac d’Orta et celui de Lugano, le mot de Lave est une expression relative à la forme (v. Annales des sciences naturelles, t. XVIII, p. 262). Ce mot ne désigne pas une roche d’une composition particulière ; il désigne une roche d’une composition variable, mais dont la forme extérieure et intérieure annonce une matière plus ou moins visqueuse qui a coulé. Le propre d’une pareille matière, lorsqu’elle suit la ligne de plus grande pente, sur une surface irrégulière, sur laquelle elle rencontre successivement des dépressions larges où elle s’étend en restant presque stationnaire, et des parties étranglées et inclinées où elle coule plus rapidement, est de se modeler, ainsi qu’on l’a dit plus haut, sur les sinuosités qu’elle parcourt, et d’en réfléchir, pour ainsi dire, en elle-même toutes les irrégularités. Une fois refroidie, elle reste comme la peinture immobile d’un phénomène d’hydrodynamique ; et c’est là ce qui donne aux coulées des volcans anciens et modernes ce cachet particulier qui frappe si vivement l’œil même le moins exercé.

L’influence du sol inférieur se manifeste, non seulement par cette forme générale extérieure à laquelle on reconnaît tout d’abord une lave, lorsqu’on la voit même à une certaine distance ; elle se fait encore sentir dans les irrégularités de la structure