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qu’en Piémont, où il s’est trouvé un peu sur le côté de la direction générale des débâcles torrentielles des Alpes. Dans ce point important la géologie et la zoologie sont maintenant tout-à-fait d’accord.

Donc avant l’époque tertiaire il y avait entre les Apennins et les Alpes une immense cavité ou affaissement du sol produit par le soulèvement des Alpes. Avant cette catastrophe les grès des Apennins en couches horizontales venaient toucher le pied des Alpes, et cette déduction est si logique, qu’on trouve encore à présent des lambeaux de ce dépôt sur le bord des Alpes. Plus tard le forage des puits artésiens l’atteindra peut-être au-dessous des couches tertiaires de la plaine.

L’on voit donc dans quels écueils peut conduire la doctrine des soulèvemens de M. de Beaumont.

Quant aux déductions qu’on peut tirer pour la détermination des époques de soulèvement d’après le tracé des cartes, et même de celles qui sont coloriées géologiquement, cette science toute nouvelle me paraît bien difficile et sujette à une multitude d’erreurs, supposant même toutes les cartes exactes, ce qui est très loin de la vérité. J’en ai moi-même fait l’épreuve en outrant ou modifiant les doctrines des soulèvemens, et j’en suis arrivé malheureusement aux conclusions suivantes :

Si les chaînes de la terre avaient été toutes formées à la manière des proéminences qui marquent le passage sous terre d’une taupe, le système de M. de Beaumont serait parfait dès que les cartes géographiques auraient atteint une exactitude passable. En effet, les couches des chaînes auraient été redressées, toujours parallèlement à leur direction, et même à celle de leurs plus hautes sommités.

Malheureusement il y a des chaînes dont la direction des masses coupe celle des montagnes sous des angles plus ou moins forts, comme dans les Apennins, le Bohmerwaldgebirge, etc.

On conçoit en effet aisément qu’un soulèvement d’une portion de la croûte du globe n’a pas dû toujours avoir pour effet de produire une chaîne ou de former une proéminence de toute l’étendue soulevée. Ce soulèvement n’avait qu’à se faire dans une des cavités les plus profondes du globe ; dans ce cas il pouvait simplement combler tout-à-fait ou presque entièrement ce creux. Restait-il des vides, les alluvions postérieures ont pu les remplir, et ainsi les plaines présentent souvent des indices de soulèvement comme les montagnes.

Maintenant, si le soulèvement a affecté en même temps une