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de la terre ou quand on les à toutes réunies dans un tableau figuratif, l’idée simple qui naît de l’inspection de leur masse, c’est celle d’un espace de temps écoulé.

Les couches de la terre ne représentent donc à l’esprit, en dernière analyse, qu’un long chronomètre dont nous cherchons à connaître l’étendue.

En examinant, en étudiant avec soin les couches de la terre, on s’est bientôt aperçu qu’elles n’avaient pas toutes été déposées sous l’influence des mêmes phénomènes ; on entrevit en même temps que les mêmes phénomènes avaient présidé en quelque sorte à la formation d’un certain nombre de couches : on les groupa dès lors, on brisa par la pensée la grande période, on la décomposa en périodes plus petites, à chacune desquelles on a donné le nom de formation.

S’il est vrai que les couches de la terre représentent un long espace de temps ; s’il est vrai que toutes les couches n’ont pas été déposées sous l’influence d’un même phénomène, mais que les phénomènes se sont succédé à mesure que des groupes de couches ont été formés, il faudra en conséquence que la définition la plus simple d’une formation soit celle-ci : Un espace de temps représenté par un certain nombre des couches de la terre, déposées sous l’influence des mêmes phénomènes.

Si cette définition simple d’une formation découle naturellement de ce qui précède, si elle en est la conclusion, il devient de toute évidence qu’on ne peut limiter une formation, sans avoir apprécié préalablement avec le plus grand soin les phénomènes et leur valeur respective : c’est là la conclusion logique.

Dès lors on doit se demander qu’est-ce donc que ces phénomènes, et d’abord sur quoi ont-ils agi ?

Il est évident qu’ils n’ont en d’action que sur deux sortes de choses : de la matière inorganique et de lai matière organisée.

La matière inorganique ou minérale des couches est extrêmement variable ; c’est un fait incontestablement prouvé et établi par l’observation de tous les géologues : ainsi une même couche pourra être marneuse, calcaire, cristalline, siliceuse ou de sable ; elle sera tantôt blanche ou de tout autre couleur, selon les circonstances locales qui l’auront modifiée, etc. Les élémens chimiques sont également variables. On ne peut donc pas dire que deux couches que l’on ne voit pas en continuité sont du même âge parce qu’elles ont la même composition minérale.

Lorsque l’on examine avec quelque attention les corps organisés contenus dans les couches terrestres, on voit leurs espèces passer