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le lac Como, sont estimés par les pécheurs d’une plus grande profondeur encore. Pourtant, si cela est ainsi, il se trouvera que le fond de ces lacs est de niveau, ou même inférieur, à la surface actuelle de la mer ; il s’en suivrait que, depuis l’époque de quatre ou cinq mille ans, à laquelle ces apports appartiennent, la hauteur de la surface de la mer et la masse de ses eaux se sont considérablement augmentées. Cependant, est-ce sur ce point seul que ces apports de matières d’alluvion se sont formés ? On les trouve partout. Elles ont élevé la masse solide du globe comme la masse du fluide. On se donne la peine de suivre des courant de lave depuis leur foyer jusqu’à leur dernier terme, mais je n’ai pas vu qu’aucun de nos grands géologues ait suivi en détail la distribution diverse de ces apports, dont quelques uns ont cependant composé des contrées entières. La Sologne, par exemple, n’est construite que de la partie septentrionale de la grande gibbosité de l’Auvergne dans une ligne que peut représenter le cours du Cher ; tout le territoire de Fontainebleau, y compris ses montagnes, est composé d’un grand apport provenant de l’est.

« Négliger de tels faits, ou passer légèrement sur leur caractère, est un procédé qui éloigne de la science. Voici ce qui peut en éloigner encore davantage ; c’est l’admission de faits qui présentent une grande importance, mais qui, selon moi, ne sont pas encore établis. Je mets dans ce nombre ce que j’aperçois dans plusieurs parties de vos Bulletins, relativement à des formations de montagnes par soulèvemens ; on ne fait nulle façon de signaler de cette manière le Caucase, les Pyrénées, les Alpes, le Jura, les Vosges. Dans mes nombreux voyages, j’ai eu occasion d’examiner cette supposition ; je ne l’ai pas trouvée fondée, non pas que je regarde comme impossible toute espèce de soulèvement ; il a lieu d’une manière régulière sur les eaux de l’Océan ; il se décèle quelquefois dans ce qu’on appelle tremblement de terre. En tout, je soupçonne que la partie solide du globe n’est qu’une carapace sous laquelle la vie de la terre qui s’y est réfugiée se défend de l’action continue, foudroyante, du soleil. Une formation de montagne par soulèvement ne me paraît donc pas impossible ; seulement ce qui est possible ne doit pas être légèrement supposé ; si quelque chose se prêtait à cette idée, ce serait certainement le Mont-d’or, le Cantal et le Mésin.

« Nulle part on ne pourrait trouver des indices plus remarquables ; et pourtant, en recherchant attentivement la pose et les circonstances de ces montagnes, j’ai dû repousser toute supposition de leur formation par soulèvement ; en général, si on veut y regarder