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de révolution ni dans le bassin de Paris, entre le terrain protéique et l’épilymnique, ni dans le midi de la France, entre le calcaire moellon et le terrain marin supérieur[1], ni dans les intervalles des autres terrains indiqués.

On ne saurait supposer aucune relation géognostique entre des soulèvemens qui auraient eu lieu dans une contrée et le dépôt paisible de sédimens qui se serait fait dans une autre. Le soulèvement des mollasses alpines n’a pas plus interrompu la formation des strates tertiaires de la Pologne et de la Russie, que les éruptions de l’Etna n’ont dérangé les derniers dépôts marins des côtes de la Sicile et de l’Italie.

La période tertiaire, si on la compare aux précédentes, parait avoir été tout entière une période de tranquillité, puisque le dépôt des sédimens y a été à peine dérangé sur la centième partie du sol qu’elle a recouvert. Les soulèvemens locaux qui s’y sont opérés n’y ont donc produit aucune interruption générale dans la série des phénomènes. C’est ainsi que dans la période actuelle les tremblemens de terre et les plus grandes éruptions volcaniques n’affectent que les lieux où leur action est circonscrite.

La divergence des opinions sur la chronologie tertiaire provient surtout de la manière dont on a considéré les fossiles. On s’est fondé d’abord sur des différences qu’on a exagérées entre les fossiles marins tertiaires, pour les classer en tritoniens et protéiques. On a essayé de dresser des catalogues de fossiles supposés caractéristiques des deux terrains.

L’immense travail de M. Deshayes est venu renverser toutes ces idées. C’est maintenant le bassin de Paris tout entier, protéique ou tritonien, qu’il faut considérer à part et mettre en tête des terrains tertiaires, puisque, sur quatorze cents espèces de mollusques, il ne s’en trouve que trois pour cent d’analogues aux espèces vivantes.

Les terrains de deuxième époque ont offert dix-neuf pour cent de ces espèces analogues, et ceux de la troisième cinquante-deux pour cent ; dans une quatrième on en compte jusqu’à quatre-vingt-treize pour cent[2].

  1. Je dois faire observer ici que ceux qui ont proposé et adopté la dénomination de calcaire moellon l’ont appliquée à la formation marine tout entière du midi de la France, en l’assimilant à celle appelée protéique par M. Brongniart.
  2. Cette quatrième époque est hors de la période tertiaire et