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polies de certaines roches, sur lequel M. Boué vous a communiqué des détails intéressans, appuyés d’une série d’échantillons.

M. Boué pense que la plupart de ces polis naturels sont dus à des glissemens et à des frottemens plus ou moins considérables produits la plupart, par le brisement des couches. On les observe en petit dans un grand nombre de roches argileuses, marneuses, charbonneuses, et même calcaires ou arénacées, ainsi que dans certains minerais, particulièrement auprès des failles et des plissemens de couches. On a aussi observé fréquemment dans les Alpes des masses calcaires fendillées qui présentent sur de très grandes surfaces ce poli naturel, accompagné de strates parallèles indiquant la direction dans laquelle s’est opéré le frottement de grandes masses de roches, et dans celles-ci des parties séparées, semblent avoir été frottées les unes contre les autres par un mouvement plutôt prolongé que brusque et passager.

Ces stries de dislocation sont à distinguer de celles que présentent souvent les parois des filons, et qui sont plutôt le résultat de la cristallisation.

§ 68. ─ M. le comte de Montlosier, dont le nom respectable se réunit à ceux de Guettard, de Desmarets, de Malesherbes, de Monnet, pour rappeler l’un des premiers ouvrages classiques (1788) sur l’histoire des volcans éteints de l’Auvergne, n’a point cessé d’appliquer son esprit d’observation aux phénomènes géologiques, quoiqu’il n’ait presque, rien publié depuis. La création de cette Société a ranimé ses anciens goûts, et il s’est empressé de s’associer à vos travaux, en vous communiquant sa manière d’envisager les méthodes d’observation dans les sciences naturelles, particulièrement en géologie.

Il vous a aussi communiqué ses idées sur la formation d’un grand nombre de lacs, d’après des observations anciennement recueillies par lui en Suisse, en Italie et ailleurs.

On sait que le bassin du lac d’Aidat, en Auvergne, a été formé par le barrage opéré sur la vallée de ce nom par des coulées de lave sorties du cratère connu sous le nom de Puy-de-la-Vache.

Appliquant ce fait des barrages des vallées, non uniquement par des coulées volcaniques, mais bien plus généralement par des dépôts d’alluvions, M. de Montlosier a observé que tous les lacs de la Suisse, sans exception, et encore tous les lacs sur le versant de l’Italie avaient été formés, sur une bien plus grande échelle que le lac d’Aidat, par des digues naturelles, par des transports énormes de terrains d’alluvions qui arrivait à angle droit sur les anciennes vallées où coulaient tranquillement des fleuves, les