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§ 58 à 61. — C’est encore à la France que la science sera redevable des premières notions exactes sur la géologie de la Barbarie. L’expédition militaire d’Alger en a fourni l’occasion, et M. Rozet, attaché la l’armée française en qualité d’ingénieur géographe, vous en a communiqué des descriptions, et donné à l’appui de ses mémoires des collections dont la nouveauté aurait seule déjà un grand intérêt.

Les résultats de l’étude que ce géologue a faite de cette partie de l’Afrique septentrionale ont été consignés dans les notices que je vous ai précédemment citées. J’y ajouterai sa première description d’Alger, qui complétera tout ce que nous possédons jusqu’ici sur cette contrée.

Les formations reconnues par M. Rozet sont : a. un terrain de transition formé de schistes, de calcaires ; b. le lias ; c. le calcaire marneux à poissons d’Oran, probablement tertiaire ; d. un calcaire noir à fer carbonate d’âge également douteux, mais aussi probablement tertiaire ; e. les vrais terrains tertaires, sub-atlantiques, vaste système de marnes bleues, de calcaires, de poudingues ; f. le terrain récent superméditerranéen ; g. d’anciennes alluvions ; h. des roches volcaniques.

Voyons ces terrains dans les principales localités que M. Rozet a observées.

Alger. — La roche fondamentale d’Alger et du pays environnant est un schiste talqueux, à filons de quarz, tout-à-fait semblable à celui de Toulon. Les strates en sont fort tourmentés ; ils plongent de 20 à 45 degrés au sud ; ils acquièrent une épaisseur de 500 mètres, et une élévation de 400. Le schiste talqueux passe des roches que M. Rozet rapporte au schiste micacé et au gneiss. Ce dernier recouvre même les couches talqueuses, quoique celles-ci semblent appartenir aux terrains de transition.

Dans le groupe talqueux est intimement intercalé, en stratification concordante, un système de calcaire gris sublamellaire ou blanc saccarin, dont l’épaisseur atteint 100 mètres. Ce calcaire paraît être à M. Rozet de transition, comme le phyllade talqueux. Le rapprochement qu’il a fait plus tard d’un calcaire de l’Atlas également subordonné à des schistes, avec le lias d’Europe, n’est sans doute pas applicable au calcaire d’Alger.

Au dessus de ce groupe ancien, et jusqu’à une hauteur de 236 mètres sur la mer, surtout vers la pointe de Sidy-el-Ferruch, se voit un terrain tertiaire qui consiste : 1° en grès calcaire semblable au calcaire moellon de Montpellier et de Provence la structure et les fossiles (grandes huitres, grands peignes) ; 2° en