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sont surtout de cerf, de chamois, de chevreuil, d’antilope, d’ours ; ceux des cavernes du Gard sont de rhinocéros, de bœuf, de cheval, de cerf et d’hyène. M. Tournal s’appuie surtout sur le même degré d’altération des os d’hommes et de mammifères, et sur leur mélange complet dans le même limon. Ses conclusions sont que l’existence des ossemens humains à l’état fossile ne peut être révoquée en doute ; que ceux des cavernes de Bize sont anté-diluviens et que, avant le dernier grand cataclysme, l’homme vivait en société dans la Gaule méridionale, simultanément habitée par un assez grand nombre de mammifères d’espèces aujourd’hui anéanties.

§ 12. La caverne de Rancogne, située à 3 lieues d’Angoulême, est l’une des plus vastes et des plus anciennement renommées du canton de La Rochefoucault (Charente) ; mais sa réputation ne se fondait, comme celle de tant d’autres, que sur la variété et l’abondance de ses stalactites.

M. Roulland y a découvert, sous le plancher stalagmitique et alluvial, une grande quantité d’ossements de mammifères mêlés à des ossemens humains, à des débris de poteries et à des galets des roches environnantes.

Mieux qu’aucune autre peut-être cette grotte laisse apercevoir les circonstances probables de l’enfouissement de ces corps étrangers. Un ruisseau la traverse encore. La Tardouère, qui coule à peu de distance et perd une, partie de ses eaux dans divers autres gouffres de la contrée qu’elle traverse, l’une de celles que M. Desmarest père nommait, avec justesse, cantons absorbans, a souvent aussi, dans ses débordemens, pénétré dans la grotte de Rancogne. Les traditions du pays ont conservé le souvenir que des hommes s’y sont réfugiés à différentes époques, et que des loups, vivant en grand nombre dans la forêt de la Braconne, s’y retiraient aussi habituellement, y transportant leur proie et même des parties de cadavres exhumés du cimetière le plus voisin.

Du mode de remplissage de cette grotte, tel que le conçoit M. Roulland, aux idées exprimées par M. Tournal, la différence est extrême ; et, si l’on rapproche d’une partie des explications présentées par M. Roulland ce que MM. Virlet et Boblaye ont observé des gouffres absorbans de Morée, on verra combien ce phénomène, qui se continue, avec tant d’autres, durant notre période, peut éclairer l’histoire des cavernes.

§ 13. — D’autres faits demandent d’autres explications, et le remplissage de la caverne d’Ussat, dont vous a entretenu M. Boubée, ne paraît pas être dû à une cause analogue. Dans la seconde