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paraissant coïncider avec le dépôt de la plus grande masse de diluvium, les ossemens humains auraient été, suivant l’opinion d’un autre géologue du midi, et de M. Tournal lui-même, enfouis par cette même grande catastrophe plutôt que par aucune autre des causes secondaires et moins évidentes dont M. Tournal admet la continuation. Le fait essentiel était de montrer le mélange intime ; de prouver que nulle cause postérieure ne pouvait avoir opéré un remaniement de débris dont le dépôt et d’êtres dont l’existence peuvent avoir été séparés par un très grand espace de temps, et sans doute par l’une de ces révolutions qui ont si puissamment modifié le relief des continents. Mais vous savez, messieurs, que les conclusions de tous les géologues du midi (hors M. Teissier), auteurs de ces intéressantes découvertes, ont été pour la contemporanéité de l’homme et des grandes espèces détruites d’ours, hyènes, de cerfs, auxquelles ils en ont trouvé les ossemens associés. Cette question a même remplacé, dans l’histoire des cavernes, celle à peu près résolue du remplissage de la plupart de ces cavités par un violent agent extérieur, par des cours d’eau en partie superficiels, en partie souterrains, opinion que M. C. Prévost s’est surtout efforcé d’établir et que MM. Bertrand Geslin et Marcel de Serres ont aussi fortement soutenue, contre l’opinion ingénieuse de M. Buckland, mais trop exclusive, qui tendait à se généraliser, de l’habitation de ces grottes par des carnassiers, surtout par des hyènes qui y auraient entraîné les os d’animaux paisibles, leurs contemporains.

C’est à cette discussion plus qu’à toute autre qu’il convient d’apporter l’esprit d’éclectisme si nécessaire en géologie ; car nul phénomène peut-être plus que celui des cavernes à ossemens n’a été, malgré son apparente uniformité, le résultat de plus de modifications secondaires, indépendantes d’une première cause effectivement plus générale. Des cavernes auront été remplies par les dépouilles de mammifères qui y seront morts naturellement ; d’autres l’auront été, en partie par cette cause, en partie par les débris qu’y entraînèrent des animaux carnassiers ; le plus grand nombre, toutefois, aura été rempli par les eaux courantes, qui ont également comblé les fissures superficielles et formé les brèches osseuses avec les mêmes limons et graviers.

Si le remplissage de la plupart des cavernes s’est opéré pendant la période tranquille qui a précédé le dernier grand soulèvement de montagnes, si le remplissage d’un grand nombre d’autres n’a été au contraire que le résultat de cette cause violente, combien de causes postérieures, dont on a tant de preuves et d’exemples, ont pu modifier ces plus anciens dépôts, telles que l’introduction