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Le premier de ces faits vous a été indiqué par M. Dujardin, professeur de chimie à Tours, qui s’est occupé avec un très grand soin des fossiles de la craie de ce pays. Il a observé, à la fin de janvier 1830, que dans le puits foré ouvert à Tours en 1829 jusqu’à une profondeur de trois cent trente-cinq pieds, au milieu de la craie inférieure, l’eau s’étant élevée durant plusieurs heures avec une grande vitesse, avait amené beaucoup de sable fin et de petits fragmens d’épines, des graines de plantes, la plupart marécageuses (galium fuliginosum), ainsi que des coquilles d’eau douce et terrestres non altérées (Planorbis marginatus, Helix rotunda et striata).

De leur état de conservation et de la maturité des graines, M. Dujardin a pensé pouvoir conclure que ces eaux et les corps étrangers qu’elles ont entraînés, n’avaient pas mis plus de trois ou quatre mois à descendre de quelque vallon humide de l’Auvergne ou du Vivarais. Mais cette présomption ne porte-t-elle pas un peu loin la source de ces corps organiques, et n’ont-ils pu être entraînés dans le courant souterrain principal par quelque petit affluent de source bien plus rapprochée ?

Un second fait de ce genre est venu récemment à la connaissance de la Société. L’eau d’un puits foré à Riemke, près de Bochum en Westphalie, a amené jusqu’à son orifice, de la profondeur de cent quarante-trois pieds, de petits poissons longs de trois à quatre pouces ; les cours d’eau superficiels les plus voisins sont à deux ou quatre lieues.

Sur quelques graines, coquilles, poissons, sables ou graviers, qui, de ces profondeurs, parviennent à la surface, combien ne s’arrêtent pas en route dans les sinuosités des canaux que ces objets finissent par obstruer. Que les courans, par suite de ce remplissage, viennent à changer de direction, voilà pour les observations futures la source de plus d’une erreur, ou du moins l’explication très naturelle de faits qui déjà ont embarrassé ou trompé les géologues, et surtout de l’intercalation d’amas de matières hétérogènes traversant des bancs réguliers.

§ 6 bis. ─ Quant à d’autres faits relatifs aux eaux souterraines, l’histoire des cavernes bientôt nous en fournira. Je me bornerai à vous rappeler ici, messieurs, la fontaine intermittente dont M. Robert vous a signalé l’existence à Massevaux dans les Vosges, et le dépôt épais de travertin, observé, par le même géologue, dans la profonde vallée de Charmoz, près de Lussel, et dans le voisinage de minerais de fer pisolithique formés dans des vallées, et probablement dans des circonstances semblables.