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Le sol était brûlant et lançait par des crevasses et par de petits monticules des gaz non inflammables, des vapeurs blanches sortaient aussi du cratère et de la mer à l’entour, Mais plus de détonations, ni d’apparences lumineuses, ni d’éjection de matières solides ; la destruction avait commencé à succéder à une création première. Les vagues avaient déjà violemment rongé les bords de l’ile, et les parties les plus élevées étaient dans un état de désagrégation qui annonçait une destruction prochaine.

M. C. Prévost présuma que le volcan avait eu des coulées sous-marines, et que l’apparition du cratère si visible d’éruption avait pu être précédée du soulèvement du sol sous lequel surgissait le volcan, et qui parait avoir été de cinq à six cents pieds sous le niveau de la mer. Dans ce cas, l’îlot aurait été entouré d’une ceinture de roches sous-marines, qui cependant auraient pu être formées par les pentes inégales du cône volcanique, non moins que par les bords du massif soulevé.

Un mois après le passage de M. C. Prévost (le 27 octobre), un Anglais qui visita l’ile, ne vit plus qu’une plaine unie presqu’au niveau de la mer, et vers le milieu un monticule de sables et de scories terminé à pic de toutes parts, le tout ayant une circonférence de deux mille palmes, c’est-à-dire déjà sept fois moindre qu’à la fin d’août. Ce voyageur dit qu’on ne voit pas La moindre apparence de cratère ; seulement il signale à l’ouest du monticule, sur la plage, un petit lac d’environ cent soixante palmes de tour, qui contenait de l’eau bouillante, et d’où s’échappaient des fumerolles. Il est évident, quoique l’auteur italien, M. Marzola, qui a publié ce récit avec quelques vues de l’île qui vous ont été communiquées, ne l’ait pas exprimé, que c’était le cratère reconnu presque entier par M. C. Prévost, et dont les bords n’existaient plus que du côté du tertre central, primitivement bien plus élevé.

Cette rapide altération de la physionomie extérieure d’un sol qui semblerait devoir être aussi facilement reconnaissable que la bouche d’un volcan, ne montre-t-elle pas combien les apparences actuelles des terrains représentent peu leur état primitif ?

Il parait que depuis novembre les vapeurs ont peu à peu cessé, et que de hautes vagues ont de plus en plus démantelé, jusqu’à fleur d’eau, les vestiges du cratère, suivant les prévisions de M. C. Prévost.

Vers la fin de décembre, quelques journaux ont annoncé que sur l’emplacement de l’île on avait vu surgir des jets d’eau semblables à ceux qui auraient précédé sa première apparition ;