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marine anglaise, et par l’un de vos anciens vice-présidents, M. Constant Prévost, spécialement chargé par l’Académie des Sciences d’aller étudier, dans l’intérêt de la géologie, ce point nouveau du globe dont le gouvernement français envoyait constater la position réelle dans l’intérêt de la navigation.

Je ne vous reproduirai point le récit succinct qui vous a été communiqué des premières observations de M. C. Prévost. Vous l’avez suivi avec un vif intérêt sur cette île qu’il a mesurée, étudiée sous tous ses aspects. À son retour il vous offrira la description la plus complète du phénomène, envisagé tant en lui-même dans ses différentes phases que dans ses rapports avec l’ensemble des autres phénomènes volcaniques des contrées environnantes, objet spécial de sa mission scientifique. Mais je ne puis me refuser à vous retracer, en attendant, quelques traits de la courte existence de cette terre volcanique presque aussitôt détruite que formée, et dont on suit sans interruption tous les paroxysmes. J’en emprunte les détails aux différens récits qui ont été publiés, sans en discuter la valeur.

On a vu naître, s’agrandir, puis diminuer et disparaître à une grande profondeur sous les eaux, après six mois d’existence, cette île successivement nommée Nerita-Ferdinandea-Graem-Hotham-Corao-Julia, que semblaient devoir se disputer plusieurs grandes puissances, et qui n’existe déjà plus que dans les annales géologiques.

Des secousses de tremblemens de terre s’étaient fait ressentir, du 28 juin au 2 juillet, sur la côte occidentale de Sicile, dans la direction du S. O. au N. E., et, suivant une observation curieuse de M. Hoffman, parallèlement à la ligne des phénomènes volcaniques de cette contrée. Le 28 juin, le vaisseau de l’amiral anglais Pultney-Malcolm, traversant la place où l’ile a surgi, éprouva les mêmes secousses que s’il eût heurté contre un banc de sable.

Le 8 ou 10 juillet, un bâtiment sicilien aurait vu s’élever de la mer, entre la Pentellerie et la côte de Sicile, une masse d’eau qui surgit jusqu’à soixante pieds de hauteur, sur une circonférence d’à peu près quatre cents brasses. Cette sorte de trombe, difficile à concevoir sur une aussi lange base, et qui n’était peut-être déjà que la masse vaporeuse elle-même, était accompagnée de détonations violentes, et aurait été remplacée un peu plus tard par une épaisse vapeur aqueuse, s’élevant jusqu’à près de 1,800 pieds.

Le 18, à son retour de Girgenti, le capitaine du même bâtiment, Jean Conrao, dit avoir reconnu qu’à la place où il aurait ainsi vu la mer se soulever était apparue une terre ayant la même étendue que la masse d’eau soulevée. Cette île, haute seulement