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trouve souvent dans les fouilles des monumens gaulois, avec les mêmes objets d’industrie découverts dans quelques cavernes à ossemens de mammifères détruits, des os d’espèces encore existantes d’animaux domestiques ou sauvages, surtout de cerfs, de moutons, de sangliers, de chiens, de chevaux, de bœufs, et des coquilles marines analogues à celles qui vivent sur les côtes voisines. Ce fait a été observé dans le Quercy, comme dans plusieurs autres provinces. Nul doute que ces corps n’aient été placés dans les tombeaux et sous les autels celtiques, en mémoire, soit de sacrifices offerts aux divinités gauloises, surtout à Hésus, le Mars des Gaulois (Marti, animalia capta immolant, dit César), soit de repas religieux et funéraires, soit enfin par suite d’une croyance superstitieuse commune à beaucoup de peuples, et qui faisait déposer auprès des morts de la nourriture et des provisions destinées aux mânes, pour une seconde vie. N’est-il pas très probable que dans certaines cavernes qui ont pu, à la fois ou successivement, servir d’habitations, de retraites religieuses, comme les autres de Mithra et les grottes druidiques, et enfin de sépultures, les ossemens d’animaux plus modernes et les coquilles marines qu’on a trouvés avec les os humains, surajoutés à l’ancien limon ossifère, si constamment fluviatile, auront eu une pareille origine historique plutôt que géologique ?

C’est dans cette nouvelle sorte de gisement des Dolmen et des Tumulus, gisement, pour ainsi dire, historique et monumental, qu’il faudrait rechercher, mais encore avec une certaine circonspection, quoique avec une plus forte garantie d’authenticité que dans les cavernes, les débris de certains animaux contemporains des plus anciens peuples de la Gaule. On sait en effet que l’Auroch, le Buffle ou taureau sauvage, certains cerfs qui vivaient alors dans les grandes forêts, peu à peu défrichées, de la Gaule et de la Germanie, n’en ont été qu’insensiblement expulsés par les progrès de la culture et de la civilisation, puisque l’Urus existait encore dans les Vosges, sous les premiers rois Francs, au siècle. Les Gaulois, grands chasseurs, se faisaient une gloire des dépouilles de ces animaux, surtout des buffles et des cerfs, qu’ils offraient à Cernunnos, leur divinité de la chasse, ou qu’ils fixaient, avec les crânes de leurs ennemis, aux portes de leurs habitations. Les cornes d’urus leur servaient aussi de coupes dans les festins.

On a donc quelque chance de retrouver ces objets sous les pierres druidiques, et les tombelles, Sous celles-là, du moins qui sont