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des plus extraordinaires, et qui, observée pour la première fois, doit, sinon expliquer entièrement la théorie des sources jaillissantes, du moins circonscrire les hypothèses qu’on est encore réduit à faire.

« Le tuyau, de trois pouces un quart de diamètre, qui fournissait au niveau du sol une quantité d’eau évaluée à deux pouces et demi de fontainier, ayant été coupé 12 pieds plus bas, le produit se trouva tout-à-coup augmenté d’un tiers environ comme on pouvait s’y attendre ; mais l’eau, limpide auparavant, recevant ainsi un accroissement de vitesse, amena, durant plusieurs heures de la profondeur de 335 pieds, un grande quantité de sable fin et beaucoup de débris de végétaux et de coquilles. On pouvait y reconnaître des rameaux d’épine longs de quelques pouces, noircis par leur séjour dans l’eau, des tiges et des racines encore blanches de plantes marécageuses, des graines de plusieurs plantes, dans un état de conservation qui ne permet pas de supposer qu’elles aient séjourné plus de trois ou quatre mois dans l’eau, et parmi ces graines, surtout celle d’une espèce de caille-lait (Galium uligonosum) qui était dans les marais ; on y trouvait enfin des coquilles d’eau douce (Planorbis marginatus) et terrestres (Helix rotundata et striata) au reste, tous ces débris ressemblent à ceux que laissent sur leurs bords les petites rivières et les ruisseaux après un débordement.

« Ce fait est si extraordinaire et si imprévu, que s’il n’eût été observé avec soin, il pourrait être révoqué en doute : quant à moi, si MM. Jacquemin et Octave Chauveau, chargés de la direction des travaux, n’eussent eu l’obligeance de m’en rendre témoin, certes je n’eusse pas osé en tirer, d’une manière si absolue, les conséquences qui sont : 1° Que l’eau du puits artésien de la ville de Tours n’a pas dû être plus de quatre mois à parcourir son trajet souterrain, puisque des graines mûres à l’automne sont arrivées sans être décomposées 2° que les eaux n’arrivent point par une infiltration à travers des couches de sable, puisqu’elles entraînent des coquilles et des morceaux de bois, mais bien par des canaux plus ou moins irréguliers formés entre les couches solides, à mesure que les eaux ont entraîné les sables qui remplissaient l’intervalle ; 3° enfin que l’origine de ces eaux doit être dans quelques vallées humides de l’Auvergne ou du Vivarais, et qu’on, s’explique ainsi pourquoi cette eau, qui n’a fait que traverser des canaux sablonneux et non des couches de terre ou de pierre, est presqu’aussi pure que l’eau de rivière, et ne donne à l’analyse qu’une faible proportion de matières étrangères.

« Les débris de végétaux et de coquilles seront déposés au cabinet