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§ 7. Les bancs à coquilles marines du terrain mixte supérieur sont bien moins puissans que ceux de la formation inférieure, auxquels ils ressemblent quelquefois de manière à rendre l’observateur indécis. Les coquilles qui sont rarement en place dans les dépôts inférieurs, semblent avoir subi dans les supérieurs un nouveau transport. Les dents de squale y ont perdu leurs pointes et le tranchant de leurs arêtes. Les fossiles y sont bien moins abondans et plus disséminés ; On n’y trouve point de genres, et peut-être bien peu d’espèces qui ne soient aussi dans les dépôts inférieurs. Quant aux espèces douteuses ou fausses et aux variétés, comment seraient-elles les mêmes dans des terrains que séparent plusieurs siècles, quand on voit les coquilles des plages changer aussi sensiblement dans deux contrées voisines dans un même temps, et d’une saison à l’autre dans un même lieu ?

§ 8. L’état de dispersion où se trouvent les fossiles marins dans les terrains de la deuxième époque semble une suite naturelle des révolutions qu’ont dû subir des lacs livrés alternativement aux eaux des fleuves et à celles de la mer. Un autre phénomène y démontre combien les produits de la mer ont été modifiés par leur séjour dans les lacs. Une grande partie de ces fossiles, et notamment les valves d’huître erratiques, se trouvent converties par l’infiltration des eaux douces, en écailles pesantes et compactes, dont la pâte fine ressemble au marbre blanc et a l’albâtre.

Le mode de cette transmutation est mis à découvert dans les strates du calcaire d’eau douce qui enveloppent ces fragmens d’huître alabastrins avec des lymnées et des planorbes[1].

Ces mêmes huîtres, ayant leurs valves juxta-posées, mais grossièrement pétrifiées, forment des bancs considérables dans le terrain inférieur du bassin de l’Hérault. On en trouve aussi quelques amas informes dans le terrain supérieur, mais elles y sont mêlées de graviers et de galets qui attestent leur charroi : la terrasse escarpée qui supporte la ville de Béziers en offre un exemple.

§ 9. Le mélange des matières roulées est l’un des caractères les plus saillans des terrains mixtes supérieurs, et notamment de ceux qui contiennent des fossiles marins. On l’observe même auprès de Montpellier, dans les couches supérieures d’un terrain marin qui n’est pas hétérogène. Quant aux dépôts supérieurs métalymnéens et prolymnéens, ils sont doublement mixtes, puisqu’au mélange des produits marins et de ceux des lacs se joint celui des graviers

  1. Observés au ravin de Dareilles, commune de Fontes, vallée de la Boïne, bassin de l’Hérault.