Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 1 - 1830-1831.djvu/157

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

s’étend une zône d’une couleur noire ou brun-verdâtre. Sa hauteur dépend de la violence avec laquelle la lame brise sur le rivage. Elle dépasse rarement 7 à 8 mètres. Dans tout cet espace les calcaires se montrent tellement corrodés que ce ne sont plus (surtout dans la partie inférieure) que des branches âpres, contournées, couvertes d’aspérités et liées seulement entre elles par quelques points ; on dirait des récifs de polypiers. En outre des cavités profondes et tortueuses pénètrent la roche beaucoup au dessous du niveau de la mer ; les lignes de fissures élargies et déformées ont exercé une grande influence sur la destruction du calcaire. C’est dans cette zône carriée qu’on remarque, à la surface des aspérités lavées par la lame, une substance d’un brun-noir éclatant, mamellonnée, lisse, plus dure que le calcaire à cassure, légèrement translucide. On la rencontre constamment à cette hauteur, mais uniquement sur les roches calcaires que j’ai nommées précédemment. J’en donnerai plus tard l’analyse chimique.

Cette zône paraît avoir son analogue dans l’intérieur des continens, dans des surfaces calcaires criblées de cavités sinueuses et irrégulières, qui ne diffèrent de celles-ci que par la disparition des petites aspérités et des arêtes aiguës que les agens atmosphériques et le frottement des matières alluviales ont sans doute détruites. Ces cavités ne pénètrent jamais très-profondément dans la roche, ce qui prouve qu’elles ne sont pas dues à des émanations de gaz ou à l’écoulement d’eaux acides venues de l’intérieur.

Les nombreuses coupes de plusieurs centaines de mètres que présente la Morée, n’ont rien d’analogue dans l’intérieur des masses.

De plus ces cavités ne sont jamais remplies que par l’argile ocreuse ; elles sont toujours liées par leur position à des indices certains de rivage, tels que des galets percés de pholades, des brèches ferrugineuses ; et elles sont très-souvent, si ce n’est toujours, placées à la limite supérieure des terrains tertiaires.


Zône blanche.

En continuant à s’élever, on entre dans une zône blanche que la lame brisée ne peut plus atteindre que par une pluie, fine emportée par le vent. Toute trace de végétation marine a disparu, partout les surfaces vives et parfaitement décapées, si on peut se servir de cette expression, montrent à nu la couleur du rocher.

Elle est divisée, en tous sens, par des fissures très-élargies ; et