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Cette notice se divise en deux parties : dans la première, l’auteur examine les diverses altérations des roches calcaires du littoral[1] ; dans la seconde, il les compare avec les altérations analogues qui se présentent dans l’intérieur des continens, et qui paraissent à l’auteur offrir tous les caractères des rivages anciens, et s’expliquer ainsi par les causes agissantes et sans le secours des diverses hypothèses auxquelles elles avaient donné lieu.

La sphère d’action de la mer et de l’aura marina se partage en plusieurs zônes horizontales.

La première, qu’on peut désigner sous le nom de zône du flot, s’étend à quelques mètres au-dessus et au-dessous du niveau moyen de la mer. Elle montre dans sa partie inférieure une table ou gradin sous-marin à pente très-faible vers la mer. Sa largeur, qui dans les calcaires anciens atteint à peine 2 à 3 mètres, dépasse 200 mètres au pied des hautes falaises du grès vert, et là surtout où règnent de forts courans littoraux, comme aux environs de Modon.

Cette table sous-marine se termine, du côté du continent, par des roches carriées, ou un sillon creux où le flot vient briser. Dans les calcaires anciens, le sillon n’a jamais beaucoup de profondeur ni de régularité ; mais dans les conglomérats ferrugineux qui bordent souvent le rivage, il pénètre à une grande profondeur (8 à 10 mètres), et il en résulte des fractures, dans la partie qui surplombe, par lesquelles le flot, après avoir brisé sous les pieds s’échappe en jets d’eau.

Dans les rivages à pente à peu près verticale, comme le cap Gros, le sillon est indiqué d’une manière très-prononcée par une succession de cavernes et de cavités qui règnent à partir de la limite inférieure du flot.

Les cavernes littorales ne diffèrent des cavités que par leur plus grande dimension. La réunion de plusieurs fissures parait avoir favorisé l’action de la mer et fait passer les cavités à l’état de cavernes. Elles ont des caractères de forme et de position qui les distinguent des cavernes d’érosion continentale (la plupart des cavernes à ossemens) et des cavernes d’éboulement. On devra en retrouver d’analogues aux anciennes limites du bassin des mers. Indépendamment des caractères zoologiques particuliers, elles offriront des niveaux à peu près constans, des parois arrondies dans leur partie inférieure, des routes solides, point de communications par des

  1. Les observations de l’auteur s’appliquent principalement aux marbres, dolomies et calcaires compactes. Les calcaires grossiers présentent des phénomènes assez différens pour demander à être traités à part.